On reproche souvent à l’Europe de ne pas avoir de visage, d’être une sorte d’autorité obscure dirigée par les “technocrates bruxellois”. C’est vrai, l’Europe n’a pas de Président…
…En fait, elle en a au moins trois !
Construction unique en son genre, l’Union européenne prend des décisions par le biais de trois institutions majeures : la Commission, le Parlement et le Conseil. Il y a donc un président à la tête de chacune d’entre elles. Il s’agit respectivement d’Ursula von der Leyen, de Charles Michel et de David Sassoli qui ont entamé leur nouveau mandat fin 2019.
Comment élit-on les présidents ?
En toute logique, le Président du Parlement européen est élu par les eurodéputés suite au résultat des élections européennes. Il est donc issu du groupe politique majoritaire en nombre de sièges — sauf si des négociations entre les partis en décident autrement — et son mandat dure cinq ans.
Toujours pour cinq ans, le président de la Commission européenne est lui aussi élu par le
Parlement européen. Toutefois l’élection se fait sur proposition des chefs d’États et de
gouvernements qui désignent leur candidat à la majorité qualifiée. Ils doivent donc tenir compte du résultat aux élections européennes s’ils ne veulent pas risquer de voir leur candidat rejeté par les députés.
La tête de liste du parti vainqueur aux élections de mai a donc beaucoup de chances de se voir désigner président de la Commission européenne. Dans le jargon européen, on appelle ces têtes de listes, les Spizenkandidaten.
Enfin, le président du Conseil européen est élu par les chefs d’Etats et de gouvernements à la majorité qualifiée pour un mandat de deux ans et demi, renouvelable une fois.
Il ne faut pas le confondre avec la présidence du Conseil de l’UE qui réunit chaque mois les
ministres des États membres par thématique (économie et finances, agriculture, affaires
étrangères, etc). Ici la présidence est tournante, c’est à dire assurée à tour de rôle par chaque État membre pour une période de six mois. En 2020, la Croatie est aux manettes et laissera la main à l’Allemagne début juillet.
Quel est leur rôle ?
Le président de la Commission est souvent la personnalité européenne la plus connue. Son rôle est de coordonner son équipe de Commissaires – appelée Collège. Il définit les principales lignes politiques que suivra la Commission et dirige les travaux de celle-ci pour mettre en oeuvre les politiques de l’UE. Il est souvent présent pour représenter l’Union lors des rassemblements des leaders internationaux.
Le président du Parlement a un rôle davantage procédural : il veille au respect des procédures parlementaires et supervise les différentes activités du Parlement européen. Son rôle s’est accru ces dernières années avec les pouvoirs grandissants concédés au Parlement. Le président donne notamment son consentement final au budget de l’UE. Un pouvoir sur les cordons de la bourse qui n’est jamais négligeable.
Quant au président du Conseil européen, il assure une fonction nouvellement créée, officialisée en 2009 et dont il faut encore souvent définir les contours. En coopération avec la Commission, ce président fixe les priorités et les grandes orientations politiques de l’UE. Au quotidien, son rôle est surtout d’encourager la cohésion et le consensus entre les chefs d’États et de gouvernements qui forment le Conseil européen. Il apparait également sur la scène internationale pour représenter l’Union dans le domaine des affaires étrangères et de la sécurité.
Pourquoi pas de président unique ?
L’idée d’un président unique pour l’Europe n’est pas nouvelle mais est régulièrement rejetée.
Déjà, au premières heures de la construction européenne on a écarté la mise en place d’une figure présidentielle afin d’éviter une trop forte politisation des débats, synonyme d’immobilisme.
Une personalisation accrue aurait pu heurter les souverainetés nationales et empêcher le bon fonctionnement de l’UE.
En effet, l’Europe ce n’est pas les Etats Unis. Il n’y a pas de gouvernement fédéral, commun à tous les États membres, car ces derniers ont toujours souhaité préserver leur pouvoir souverain de décision.
Encore aujourd’hui, il apparait difficile de trouver une personnalité qui fasse consensus pour les 500 millions d’européens. Pour avoir la légitimité nécessaire à la fonction de Président, il faut le soutien d’une majorité de citoyens se sentant représentés par un même leader. Cette légitimité est très difficile à trouver du fait de la diversité linguistique, culturelle, politique ou historique. Celle la même qui fait aussi la force des européens, “unis dans la diversité”.
Est-ce qu’un Italien pourrait se sentir légitimement représenté par un président estonien qui ne parle pas sa langue et ne partage ni son histoire ni sa culture politique par exemple ?
L’idée d’un président unique est encore loin de faire l’unanimité. Toutefois, elle résoudrait
surement une partie du problème d’image, de visibilité et de clarté dont souffre souvent l’Union européenne. Elle permettrait également de souligner l’intérêt commun des européens dans bien des domaines.
Photo © Andre Hunter/Unsplash
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