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Greta Thunberg fait la leçon aux institutions européennes
L’actu du 4 mars 2020 /
Ce mercredi, la Commission européenne dévoilait en grande pompe sa « Loi Climat ». Un texte qui vise à fixer l’objectif de neutralité carbone en 2050 et à rehausser l’ambition européenne de réduction des gaz à effet de serre pour 2030. Il s’agit du premier texte soumis au vote qui traduit les annonces du Green Deal de décembre dernier. Pour parfaire la mise en scène, l’exécutif européen avait convié Greta Thunberg à Bruxelles.
« Vous rendez les armes, vous avouez votre impuissance, vous renoncez à vos engagements ! » a lancé Greta Thunberg mercredi 4 mars devant les eurodéputés, après avoir aussi rencontré les commissaires européens. La jeune femme ne s’est pas montrée du tout convaincue par la toute nouvelle proposition de « loi climat » présentée par la Commission européenne. Selon elle, le texte manque d’ambition et de force de contrainte. « Un texte non contraignant pour les Etats n’est pas une vraie loi ! » s’est énervée la militante. Il est vrai que si Bruxelles veut par ce texte « émettre des recommandations » aux pays dont la trajectoire dévierait des ambitions de neutralité, aucune sanction n’est prévue en cas d’insuffisances.
La jeune activiste n’est d’ailleurs pas la seule à être sceptique sur l’ambition européenne affichée par la Commission. Les ONG reprochent à la « loi climat » son trop grand flou. Elle fixe des objectifs chiffrés mais ne donne aucun détail sur les moyens d’y arriver : pas de consignes pour aligner les politiques industrielle, agricole, commerciale, ou de transport sur les ambitions européennes. « L’Europe ne peut pas vouloir être un leader pour le Climat tout en continuant à subventionner les carburants fossiles » a déclaré Greta Thunberg. La nouvelle loi en elle-même ne met pas fin aux multiples mesures européennes favorisant les investissements dans des énergies non-renouvelables par exemple.
Pourtant la Commission européenne avait elle-même prévu de réhausser les objectifs 2030 de réduction de gaz à effet de serre dans ses annonces de décembre 2019. « Trop peu, trop tard », disent douze Etats membres, dont la France, qui exprimaient mardi leur mécontentement dans une lettre adressée à la Commission. Ils souhaitent que l’objectif 2030 soit passé de 40% de réduction des émissions à 50 voire 55% et qu’il soit voté pour arriver à la COP 26 de novembre avec cet objectif réhaussé. Le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne pourraient donc bien proposer des amendements au texte pour le rendre plus ambtieux.
Bien qu’il l’ait invitée à Bruxelles, le vice-président de la Commission européenne au Green Deal, Frans Timmermans, admet avoir « des désaccords » avec la jeune Suédoise. Et cela risque aussi d’être le cas de certains ministres de l’Environnement qu’elle rencontre ce jeudi 5 mars, lors d’une réunion du conseil de l’UE. Gare aux accusations d’inaction que devrait lancer aux gouvernements des 27 une Greta Thunberg très remontée !