Si la politique de santé est une compétence nationale principalement gérée au niveau des États, les institutions européennes ont des moyens d’action contre le coronavirus et son impact. Tour d’horizon de ces instruments de lutte.
Bruxelles peut d’abord agir afin d’endiguer l’expansion des contaminations. Pour cela, trois moyens d’actions s’offrent aux institutions :
Financer la recherche
L’une des premières mesures de la Commission européenne a été de proposer le déblocage de 37 milliards d’euros de fonds européens pour financer la recherche et les soins pour lutter contre le virus. Les 27 doivent encore valider cette proposition qui permettra de distribuer les fonds aux États membres comme les autres fonds européens de coopération régionale.
Fermer les frontières pour freiner le virus
La Commission a invité lundi 17 mars les chefs d’État ou de gouvernement à introduire une restriction temporaire de tous les voyages non essentiels à destination de l’UE et en provenance de « pays tiers ». L’exécutif européen a préféré cette réponse « politique », en laissant la décision finale aux chefs d’État et de gouvernement, plutôt que d’imposer la mesure en utilisant le code frontières Schengen. Après concertation entre les 27, ce sont donc toutes les frontières extérieures de l’Union européenne qui sont fermées.
Quant aux frontières intérieures de l’UE, entre les pays membres, elles se ferment au fur et à mesure que les États renforcent leurs mesures de restriction. Mardi 17 mars, dix États membres avaient notifié à Bruxelles la fermeture de leurs frontières.
Coordonner via le centre de crise européen
Créé en 2011, le Centre européen de réaction d’urgence (CERU) est mobilisé depuis plusieurs semaines. La cellule de crise tente d’offrir une vue d’ensemble des événements en les cartographiant. Elle centralise l’information puis la distribue aux autorités nationales des 27. Avec la détérioration de la situation sanitaire en Chine, les personnels de la « protection civile » européenne ont d’abord été chargés de coordonner les rapatriements de citoyens européens. Ils ont ensuite travaillé à la bonne allocation du matériel médical — notamment des masques de protection — entre pays fournisseurs et régions européennes les plus touchées.
Bruxelles peut ensuite tenter d’éviter l’effondrement de l’économie européenne. Dans ce domaine, l’Union a une compétence bien plus étendue. Elle peut :
Distribuer de l’argent pour les entreprises et les gouvernements
La Commission européenne propose de mobiliser 800 millions d’euros à destination des États membres, en étendant le Fonds de solidarité pour y inclure les cas de crise de santé publique. Fortement touchées par la crise sanitaire, et bientôt économique, les petites et moyennes entreprises (PME), dont la trésorerie est souvent fragile, recevront également une aide immédiate de Bruxelles, complétant les mesures prises au niveau national. Un milliard d’euros transitera par les banques, à destination des PME.
Desserrer la bride des États
La commissaire danoise Margrethe Vestager a également annoncé en début de semaine un dispositif temporaire pour alléger les règles encadrant les aides d’État (censées éviter la concurrence déloyale entre entreprises européennes). Elle permettra exceptionnellement aux États membres de subventionner leurs entreprises ou de leur proposer des avantages fiscaux. Les gouvernements pourront donc soutenir les secteurs économiques menacés par la crise provoquée par la propagation du virus, comme le tourisme ou les transports. Bruxelles ne devrait pas non plus rappeler à l’ordre les États qui laissent filer leur déficit public en luttant contre la pandémie.
Soutenir l’euro grâce à la Banque centrale
Comme ce fut le cas lors de la crise financière de 2008, la réponse de la Banque centrale européenne (BCE) s’est fait attendre. Beaucoup ont d’abord regretté l’absence de mesures fortes pour l’euro. Finalement, prenant tout le monde de court, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a annoncé dans la nuit du 18 au 19 mars un programme d’urgence de 750 milliards d’euros pour alléger les dettes des États et des entreprises. Une réponse massive, largement saluée par les économistes.
On dit souvent de l’Union européenne qu’elle se construit dans les crises. Chocs économiques, Brexit, vagues migratoires, épisode de la vache folle… ces dernières années n’ont pas épargné les institutions bruxelloises. Pourtant, cette épidémie à l’ampleur inégalée, c’est du jamais vu pour Bruxelles. Ses répercussions risquent de s’étaler sur de longs mois, voire sur plusieurs années, et la capacité des institutions à soutenir l’économie tout en maintenant l’ambition de son Green Deal une fois la crise sanitaire passée reste encore incertaine.
Cela dit, n’oublions pas que l’Union (alors CEE) est née de la volonté des pays européens de se reconstruire après la guerre…
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