L’actu du 11 octobre 2021 /
Gaz, électricité : partout en Europe, les factures grimpent en flèche. Les prix de l’électricité ont augmenté de près 40 % en un an en Espagne et de 50 % au mois de septembre, en Allemagne. Ceux du gaz risquent un bond de 30 % au cours du semestre en Italie. Et la France n’est pas en reste. Après une hausse de plus de 12 % des tarifs règlementés de gaz entre septembre et octobre 2021, l’hexagone veut contrer l’augmentation potentielle (+10 à 12 %) des prix de l’électricité en février 2022. Un phénomène d’ampleur européenne, qui nécessite donc une réponse coordonnée. Mais que peut faire Bruxelles ?
Des mesures nationales insuffisantes
De nombreux gouvernements européens ont pris des mesures radicales face à la hausse des factures. Madrid était la première à dégainer : baisse des taxes sur l’électricité, plafonnement du tarif règlementé du gaz, prélèvement sur les bénéfices exceptionnels de certains producteurs d’électricité, etc. Autant de mesures qui n’ont pas suffi à empêcher les Espagnols de descendre dans la rue. La France aussi craint par dessus tout le retour des Gilets Jaunes. Le premier ministre Jean Castex a donc annoncé un « chèque énergie » de 100 euros, versé à près de 6 millions de foyers en décembre. Les tarifs réglementés de vente de l’électricité seront également adaptés pour limiter la hausse des prix à 4 % pendant un an et ceux du gaz sont gelés. L’Italie et la Grèce prennent des mesures similaires. Mais ces actions nationales ne sont que temporaires, pour limiter les impacts de la crise et permettre aux Européens de « passer l’hiver ». Certains pointent déjà du doigt des problèmes plus profonds d’organisation du marché européen de l’énergie, à l’origine de ces hausses de prix.
L’Union appelée à revoir son système de prix du carbone…
Les causes de cette flambée des factures de gaz et d’électricité sont multiples. Certaines peuvent être contrées par des actions nationales de court terme. C’est le cas notamment des « effets météo » : un hiver froid en 2020 a vidé une partie des stocks de gaz, poussant l’Europe à en racheter à prix fort et un été sans vent a diminué la production éolienne sur le continent, raréfiant l’électricité renouvelable.
La relance post-covid joue également. En redémarrant, les différentes économies à travers le globe consomment plus d’énergie, faisant grimper la demande en gaz et en électricité et tirant donc les prix vers le haut. Comme nous, les États-Unis ou l’Asie font face à une hausse des cours de l’énergie. Mais la crise n’y atteint pas l’ampleur européenne et les Vingt-sept accusent donc certains mécanismes propres à l’Europe.
Le marché du carbone d’abord. Le prix de la tonne de CO2 sur ce système européen d’échange de « droits à polluer » est passé de 10 à 60 euros en un an. Or, le prix du CO2 augmente celui des sources d’énergies les plus polluantes (comme la production issue des centrales à charbon ou à gaz). Il serait à l’origine de 20 % de la hausse des prix de l’électricité selon Frans Timmermans, vice-président de la Commission européenne. Certains, comme la Grèce ou la Pologne, demandent de revoir le système afin d’éviter les phénomènes de spéculation qui gonflent artificiellement les prix ou veulent pouvoir piocher davantage dans les recettes de ce marché pour soutenir les ménages.
… et de l’énergie
Le fonctionnement du marché commun du gaz est aussi pointé du doigt. L’Union est largement dépendante des importations de gaz russe. Or le pays est soupçonné de rationner l’Europe en préférant fournir son voisin asiatique. Le président russe y verrait notamment un moyen de pression pour faire accepter aux Européens son projet de gazoduc controversé Nord Stream II, censé contourner l’Ukraine pour approvisionner l’UE. Plusieurs États européens, derrière l’Espagne, demandent la mise en place d’une plateforme d’achat en commun pour le gaz, sur le modèle de ce qui s’était fait pour développer les vaccins contre le covid 19.
D’autres, comme la France, veulent une réforme plus profonde du fonctionnement du marché de l’électricité pour que le prix de l’électron ne dépende plus de celui du gaz. En effet, dans la configuration actuelle, on fait d’abord fonctionner les centrales éoliennes et solaires, puis le nucléaire, le charbon et enfin le gaz : or le prix est celui de la dernière centrale appelée à fournir le réseau. Lorsque le gaz entre en jeu, le prix est élevé car il faut rentabiliser l’investissement dans ces centrales qui fonctionnent peu souvent mais dont on a besoin pour éviter les coupures (blackout) en période de forte consommation, comme en hiver.
L’Union européenne ne veut pas de « révolution »
La Commission européenne se montre réticente à revoir le fonctionnement de son marché commun d’électricité. Ce dernier a été révisé largement en 2019. Pour Bruxelles, c’est la meilleure manière d’éviter un « blackout » en assurant l’interconnection entre les systèmes nationaux. En contrepartie, les États doivent accepter que leur coût de production national (relativement peu élevé en France qui produit beaucoup avec des centrales nucléaires) ne reflette pas toujours le prix payé par leurs ressortissants.
Quant à un système commun pour les contrats de gaz, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a déclaré que la solution serait étudiée. L’exécutif européen a en effet prévu de réviser l’encadrement de son marché du gaz en décembre. Le système actuel datant de plus de dix ans.
Dans l’immédiat, Bruxelles entend se montrer plus souple envers les mesures nationales de régulation des tarifs d’électricité et de gaz. Même si ces actions enfreignent parfois les règles de la concurrence chère à la Commission, cette dernière lâchera du lest pour permettre aux gouvernements d’éviter les manifestations de type « Gilets Jaunes » et pour soulager les factures des citoyens.
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