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Industrie verte, PME, Ukraine... la présidence de la Commission européenne annonce ses priorités de fin de mandat
L’actu du 16 septembre 2023 /
C’était le dernier « discours sur l’état de l’Union » du mandat pour Ursula von der Leyen. Cet exercice traditionnel voit tous les ans depuis plusieurs années, le ou la présidente de la Commission défendre son bilan et présenter ses actions futures devant les eurodéputés réunis à Strasbourg. Cette fois, élections obligent, il avait presque des airs de programme électoral.
Les élections européennes se tiendront en juin prochain et la présidente von der Leyen semblait les avoir bien en tête, mercredi 13 septembre, lors de son discours au Parlement européen de Strasbourg. Beaucoup d’observateurs ont d’ailleurs vu dans ses paroles un début de preuve qu’elle tentera de briguer un second mandat à la tête de la Commission. Elle n’a toujours rien annoncé officiellement. Toutefois la présentation du 13 semblait s’adresser à son parti, la droite européenne (« PPE ») et aux centristes libéraux, deux importantes forces politiques du Parlement. En effet, l’axe dominant de son discours était l’industrie, le soutien aux petites et moyennes entreprises (PME).
Ursula von der Leyen a dit vouloir nommer dans les prochains mois, un « représentant de l’UE pour les PME » qui sera placé directement sous l’autorité de la présidence. Elle entend aussi diminuer d’un quart les obligations de déclaration, rapports en tout genre, demandés par l’administration publique aux entreprises. Autre exemple : elle annonce un train de mesures pour soutenir l’industrie de l’éolien, en prise à la concurrence chinoise et à des problèmes de main d’oeuvre.
Même le Green deal, initiative-phare du mandat von der Leyen, a semblé devoir prendre le virage de la compétitivité. Il ne s’agit plus de fixer des objectifs (de renouvelables, de baisse d’émissions, etc.) mais plutôt d’aider « l’industrie verte ». Elle veut renouer le dialogue avec les industriels qui accusent souvent Bruxelles de nuire à la compétitivité de leurs entreprises en adoptant des normes trop strictes sur le climat et l’environnement. Une « série de dialogues » en vue de la décarbonation de l’industrie sera ainsi lancée rapidement. Et Ursula von der Leyen annonce aussi vouloir lutter contre les subventions chinoises aux véhicules électriques qui « faussent la concurrence » internationale et compliquent la tâche de cette industrie européenne clé pour la transition énergétique.
Si l’économie et la compétitivité « verte » dominait le discours, la présidente n’a pas manqué d’évoquer l’autre dossier chaud du mandat : l’Ukraine. Certes l’agression russe n’occupe plus la place ultra dominante que lui réservait le précédent discours sur l’état de l’Union, en 2022. Mais Ursula von der Leyen profite cette fois de la solennité du moment pour rappeler une perspective chère aux Ukrainiens : « l’avenir de l’Ukraine réside dans notre Union ». Elle a évoqué l’idée d’une Union à trente pays membres qui nécessitera donc une « modification des traités », mais assure vouloir travailler à cet élargissement sans attendre la fin d’un lent et complexe processus de révision des textes fondateurs de l’UE.
Pendant plus d’une heure de discours, Ursula von der Leyen a ainsi balayé de nombreux sujets, certaines actions seront mis en oeuvre d’ici la fin du mandat, d’autres ont des horizons plus lointains, moins concrets et visent à nourrir le débat sur le futur de l’Union. Reste que beaucoup ont vu, dans cet exercice traditionnel, le lancement informel de la campagne électorale en amont des élections de 2024.