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Politique agricole commune : la difficile réforme
L’actu du 14 mai 2019 /
Les ministres européens de l’Agriculture se réunissaient le 14 mai.
C’est en février 2017 que commençaient les négociations sur la réforme de la Politique Agricole Commune (PAC). De longs débats qui sont toujours en cours. Il faut dire que la PAC est au coeur du projet européen depuis ses débuts et représente toujours le premier poste de dépense de l’Union. Mais alors : qu’est ce qui va changer ? Qu’est – ce qui bloque la réforme ?
Pourquoi réformer la PAC ?
Les nouvelles prévisions budgétaires pour 2021 — adoptées par l’UE tous les 7 ans — sont l’occasion de mettre à jour la PAC. Un petit lifting nécessaire pour une politique qui fête ses 62 ans. Prévue dès le traité de Rome en 1957, la PAC a déjà beaucoup évoluée (d’abord nourrir les Européens, puis rendre l’agriculture compétitive… puis à présent garantir la sécurité alimentaire) et représente encore 43% du budget européen.
Par ailleurs, le départ annoncé du Royaume Uni – qui contribuait à alimenter le budget de l’UE – oblige également les 27 à revoir le financement de leur politique agricole commune.
Quels sont les changements annoncés ?
Principal changement ? Pour la première fois, la Commission propose de baisser la part du budget que l’Union consacrera à l’agriculture. Celle-ci pourrait représenter moins de 30 % du budget total.
La réforme est également l’occasion de s’orienter vers une PAC “verte”, favorisant la transition écologique. La texte présenté par la Commission et débattu par le Parlement européen et le Conseil propose de bâtir des plans stratégiques nationaux de développement durable. Ces derniers seront établis en fonction d’objectifs environnementaux définis au niveau européen.
La Commission souhaite également améliorer la place des agriculteurs dans une “chaîne de valeur” qui va du fournisseur de semence jusqu’au vendeur de produits finis (supermarchés, laiteries, etc.). Elle veut aussi encourager, via les aides financières de la PAC, les nouvelles installations de jeunes et le développement local autour des producteurs.
Qu’est ce qui bloque ?
Principal sujet de discorde : les coupes budgétaires affectant la PAC pour la période allant de 2021 à 2027. Les plans stratégiques par pays, font aussi craindre la re-nationalisation d’une politique censée être “commune”. Le risque selon certains experts ? Des stratégies nationales divergeant grandement sans remplir des objectifs environnementaux fixés au niveau européen.
Officiellement, la nouvelle PAC est attendue pour le 1er janvier 2021. Pourtant le calendrier pourrait bien être décalé de plusieurs mois voire plusieurs années. Les institutions européennes n’ont pas réussi à se mettre d’accord avant les élections européennes. Résultat ? Le renouvellement du Parlement entraine une pause dans les discussions. La reprise des négociations est prévue pour septembre et il faudra compter deux ans de plus pour conclure les débats. Mais les nouveaux équilibres politiques au Parlement pourraient aussi conduire à l’abandon du texte proposé par la Commission comme base de négociation. La perçée des Verts suite aux récentes élections européennes, pourrait par exemple influencer les négociations et mener à une PAC plus ambitieuse en matière d’écologie. Si les discussions repartent de zéro, la réforme d’ampleur risque de se faire attendre…