L’actu du 28 février 2022 (mise à jour le 13 mars) /
Depuis de longs mois, le président russe Vladimir Poutine faisait monter la tension aux frontières de l’Union européenne. Le 24 février au petit matin, il est passé à l’acte et a fait entrer ses chars en Ukraine. Bien que ce pays ne soit pas membre de l’UE, cet acte, qui a plongé l’Ukraine dans la guerre, déstabilise les pays occidentaux et leur projet de paix en Europe.
Pourquoi la Russie fait la guerre ?
Selon les spécialistes de la géopolitique, Vladimir Poutine cultive depuis longtemps un objectif : faire oublier l’affaiblissement de la Russie au sortir de la guerre froide et déstabiliser l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (Otan), qui regroupe nombre d’anciens territoires du bloc soviétique comme les États baltes, désormais défendus par une alliance intégrant les États-Unis. Vladimir Poutine cherche alors depuis à réaffirmer la puissance russe sur la scène internationale, par la force et en faisant fi de la démocratie.
Parmi les derniers épisodes marquants : l’annexion de la Crimée et les combats dans la région du Donbass (des territoires ukrainiens, déjà) il y a huit ans. Ces agressions russes, en 2014, n’avaient pas ébranlé le pouvoir de Vladimir Poutine, renforçant ainsi le sentiment d’impunité du dirigeant. Depuis, l’implication militaire de la Russie en Syrie et en Centrafrique a fait grandir ce sentiment.
De son côté, l’Union européenne, qui s’est construite sur un objectif de paix, continue de le porter, y compris au delà de ses frontières, en Europe ou encore sur le continent africain. Si ses interventions diplomatiques au Mali n’ont par exemple pas abouti, l’UE a clairement affiché sa volonté de développer son autonomie stratégique et de repenser sa défense.
Dans ce contexte, et avec le soutien à la fois franc et prudent de la Chine de Xi Jinping, Vladimir Poutine, qui souhaite peser dans le contexte géopolitique qui se dessine, tente de prendre le contrôle de l’Ukraine.
Pourquoi en Ukraine ?
Alors que l’Ukraine a été une république de l’URSS pendant vingt ans, elle est indépendante depuis 1991. Pourtant, le président russe explique qu’il ne reconnaît pas l’Ukraine comme État. Elle serait selon lui plutôt une région à part entière de la Russie.
Pire, il s’insurge contre la présence occidentale dans son voisinage — à travers l’Otan — des Européens et des Américains. Si l’Ukraine ne fait pas partie de l’Otan ni même de l’UE, ces dernières n’ont jamais fermé leurs portes à une adhésion ukrainienne. Une éventualité que ne tolère pas Vladimir Poutine, qui préfère envoyer chars, tirs de missiles et avions de chasse entre autres à Kharkiv et vers Kiev et tente de renforcer son accès à la mer Noire en organisant notamment le siège de Marioupol et en se rapprochant d’Odessa. Cet accès était déjà un des enjeux de l’annexion de la Crimée, en 2014.
L’Ukraine, violemment frappée et détruite de jour en jour, résiste, s’organise, demande de l’aide dans le monde entier et combat les attaques russes.
Quelles conséquences pour les Européens ?
C’est d’abord la paix, premier pilier de la construction européenne, qui est ébranlée. L’Union a toujours eu pour objectif de nourrir des relations pacifiques entre ses membres mais aussi à pacifier son voisinage immédiat, notamment via les processus d’association ou d’intégration à l’UE qui poussent divers candidats à bâtir un véritable état de droit. Avec la guerre en Ukraine, les citoyens européens mesurent le poids d’une guerre à leur porte.
Depuis le sol ukrainien, les réfugiés affluent. Ces derniers se dirigent s’ils le peuvent vers les Etats voisins, à l’Ouest et au Sud de l’Ukraine. Ils prennent par exemple la direction de la Pologne, où la paix est garantie par l’UE et la défense assurée par l’OTAN. Près de 2 millions d’Ukrainiens ont déjà traversé la frontière polonaise et plusieurs milliers continuent d’affluer chaque jour. L’Union européenne s’est dite « préparée » à ces mouvements de populations et prête à accueillir les Ukrainiens. Par ailleurs, les ressortissants des pays européens séjournant en Ukraine ont été appelés à quitter le pays.
L’Union européenne, qui n’a pas d’armée commune à ses 27 États membres, ne veut pas entrer en guerre et ne prévoit pas d’envoyer des militaires sur place. Sa stratégie est dissuasive. Les Vingt-Sept apportent des moyens et soutiennent financièrement les Ukrainiens.
Les soldats européens au sein de l’Otan, qui ont une mission défensive, sont mobilisés aux frontières Est des pays membres de l’organisation (en Roumanie, Hongrie, Slovaquie, Bulgarie, Pologne, etc.) près de l’Ukraine.
Les États-Unis non plus ne veulent pas être « interventionnistes », contrairement aux années 1990, lors du dernier conflit aux portes de l’UE qui a sévi en ex-Yougoslavie.
Les dirigeants européens et américains ont opté pour un autre type de réponse : des sanctions économiques fortes vis-à-vis de la Russie pour amener le pouvoir russe à considérer que cette guerre a trop de conséquences au quotidien sur le pays et ainsi pour l’inciter à abandonner son offensive. Le pays a notamment été exclu du système mondial de transactions monétaires, le « swift ». Certains États ont déjà décidé de suspendre leurs approvisionnements en gaz ou en pétrole provenant de Russie, d’autres s’organisent pour en trouver ailleurs.
La question se pose d’ailleurs aussi pour le blé. D’après la Commission européenne, 19 % du blé importé en Europe provenait de Russie en 2021 et 18 % provenait d’Ukraine.
Inévitablement cette guerre altère nos habitudes commerciales. De nombreuses entreprises multinationales ont aussi suspendu leurs exportations ou leurs activités en Russie. C’est le cas d’Ikea, H&M, Volkswagen, TikTok, ou encore de Google ou Netflix…
En outre, l’UE, le Royaume-Uni mais aussi le Canada et les États Unis ont fermé leur espace aérien aux avions russes. En réponse, la Russie interdit aux compagnies aériennes occidentales de survoler son territoire. Les Européens désirant se rendre en Asie, par exemple, devront emprunter une autre route aérienne, souvent plus longue.
L’UE a déjà convoqué deux sommets européens exceptionnels le 24 février et les 10 et 11 mars pour appréhender les conséquences de cette guerre et des façons de renforcer leur aide à l’Ukraine sans entrer dans le conflit. D’autres sommets suivront, le 24 mars puis en mai. Le Parlement européen s’est aussi réuni en plénière d’urgence le 2 mars… L’objectif ? Montrer un front uni face à la crise que cette guerre engendre et accélérer la réflexion sur la stratégie extérieure et de défense de l’UE.
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