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La Suède a pris la tête du Conseil de l’UE pour six mois : Ukraine, compétitivité européenne et migration seront les dossiers prioritaires
L’actu du 18 janvier 2023 /
Le premier ministre suédois a présenté ses priorités pour le semestre au Parlement européen le 17 janvier. Stockholm a pris les rênes de la présidence tournante des conseils des ministres de l’UE du 1er janvier au 30 juin. Une opportunité, pour le pays, de mettre ses dossiers phare sur le haut de la pile.
La sécurité de l’Union européenne, et donc le soutien à l’Ukraine, est le premier chantier évoqué par le Premier ministre Ulf Kristersson devant les eurodéputés réunis à Strasbourg. « La présidence suédoise accordera la priorité à la poursuite de l’aide économique et militaire à l’Ukraine, ainsi qu’au soutien à son statut de pays candidat à l’UE », indique le document programmatique. En effet, l’escalade des tensions avec la Russie risque de dicter une grande partie de l’agenda suédois. Il s’agira par exemple de renforcer l’arsenal de sanction de l’Union européenne mais aussi de coordonner l’entraînement des troupes, les envois de matériel et d’argent… et l’aide humanitaire. Mais la guerre en Ukraine a aussi des conséquences directes en matière de sécurité pour l’Union européenne, de migration via l’accueil de réfugiés, d’approvisionnement alimentaire ou énergétique. Ce sont donc autant de domaines dans lesquels la présidence s’apprête à agir.
Sur le plan énergétique par exemple, la suède devra assurer le bon remplissage des stocks de gaz de l’UE avant l’hiver 2023-24. Elle pourrait avoir à compléter la boite à outil de mesures d’urgence (plafonnement des prix, etc) mais veut surtout se concentrer sur des législations de plus long terme comme la réforme du marché de l’électricité. Celle ci, annoncée pour mars, doit permettre de décorréler en partie les prix du gaz (dont les cours flambent depuis la fin de l’approvisionnement russe) et ceux de l’électricité et ainsi faire baisser les factures d’énergie des Européens.
La Suède devra aussi prendre en main la question de la compétitivité européenne. Cette dernière est menacée dans les secteurs clés de la transition énergétique (énergie renouvelable, véhicules propres, etc) par la concurrence américaine. Les Etats Unis ont en effet mis sur la table, fin 2022, leur «Inflation reduction act» qui reverse beaucoup d’argent public à ces activités économiques d’avenir et risque de rendre l’espace européen bien moins attractif, en comparaison, pour les investisseurs. Un plan industriel pour le Green Deal est esquissé par la Commission européenne et sera traité comme une priorité au Conseil, promettent déjà les Suédois. « Si les entreprises européennes doivent produire de l’énergie, fabriquer des batteries, des voitures électriques et produire de l’acier sans énergie fossile à l’avenir, elles ont besoin de bonnes conditions pour être compétitives », a déclaré Ulf Kristersson devant le Parlement européen. La question sera d’ailleurs au programme du premier sommet européen de 2023, les 9 et 10 février prochains.
Autre sujet à l’agenda de ce sommet : la migration. Un thème au coeur de la politique suédoise alors que le pays est gouverné depuis plusieurs mois par une coalition intégrant un parti d’extrême droite. Et au niveau européen, le chantier migratoire est de taille. La réforme des règles d’accueil et de répartition des migrants est sur la table depuis 2020 et le temps presse pour l’adopter avant la fin du mandat de la Commission d’Ursula von der Leyen, fin 2024.
En bref, des dossiers-phares sont au programme de la présidence suédoise. Il faudra éviter de voir l’agenda happé par la gestion de crise. Beaucoup, à Bruxelles, attendent aussi de voir si la présence de l’extrême droite au gouvernement suédois influencera le mandat. L’exemple autrichien — qui présidait le Conseil avec une coalition intégrant l’extrême droite — tend à penser que les penchants nationalistes des gouvernements ne se ressentent que très peu sur la scène européenne. En effet, le rôle d’une présidence est surtout de coordonner les débats et de donner l’impulsion sur les sujets prioritaires et pas de décider seul de la ligne à suivre.